Il est 13 heures, le samedi 28 octobre.
J’attends sur une chaise haute, mon petit carnet posé sur la table devant moi, le lancement de la troisième édition du Marathon d’écriture de Québec. Dans la salle de la Maison de la danse, nous sommes une – bonne – cinquantaine, de tout âge et tout style. Il y a les p’tits nouveaux, comme moi, et les aguerris, qui en sont à leur deuxième, voire troisième participation.
Le challenge du jour, c’est d’écrire un texte, en 12 heures, sur un thème que l’on s’apprête à nous donner. Je ne vais pas vous mentir, je suis fébrile. L’écriture, j’adore ça. De là à participer à un concours … Jusqu’ici, j’écrivais mes petits textes chez moi, au chaud sous un plaid, une bonne tasse de thé à la main. Cette fois-ci, ma création, si elle est sélectionnée parmi les 12 «meilleurs» textes, sera publiée. C’est un autre niveau. Malgré tout, je suis venue sans prétentions, juste avec l’envie de me faire plaisir, et de tenter cette expérience un peu étrange!
Après les discours des organisateurs, la marraine du concours, Louise Dupré, nous donne enfin le top départ : nous allons devoir raconter «une rencontre étonnante». À l’annonce du thème, je suis plutôt contente. C’est assez large pour laisser libre cours à son imagination, surtout qu’aucune forme n’est imposée : nouvelle, poème, récit, on fait ce que l’on veut.
Je pars en exploration pour m’approprier les lieux. Tout est une première aujourd’hui, je n’avais jamais vu la Maison de la danse de Québec. Des fauteuils sont installés dans les différents studios, on profite de la lumière qui passe à travers les grandes baies-vitrées. Je choisis un des studios et je m’installe dans un petit coin.
J’ai une façon de «travailler» assez étrange lorsque j’écris. Dans la vie, je suis une grande bordélique (étrangement, sauf au travail), et ça se voit dans ma manière d’écrire. Je commence par griffonner quelques paragraphes sur un coin de feuille. Je suis plutôt inspirée, ça c’est la bonne nouvelle!
16h, ça fait un peu plus de 2h que j’écris, et je suis bloquée.
Après avoir retapé mon début de nouvelle à l’ordi, je n’arrive plus à avancer. Mon histoire se stoppe net en plein milieu, pile au moment où il faudrait qu’elle décolle. Pour faire repartir tout ça, je décide de m’octroyer une petite pause d’air frais. Ma petite marche d’un quart d’heure dans Saint-Roch m’a permis de justement ne pas penser au récit que j’essayais d ‘écrire, et c’est toujours dans ces moments là que les choses se débloquent. Je remonte à ma place initiale et c’est reparti! Toujours un peu la même (non)-organisation. Un peu d’écriture sur papier, par paragraphes, puis j’organise le tout sur mon ordinateur.
À partir de 18h commencent les «confidences».
Des auteurs viennent nous parler de leur processus d’écriture, de leur parcours, de comment s’auto-éditer, etc. Mon texte est rédigé. Je veux y revenir à tête un peu plus reposé, pour mieux choisir certains mots de vocabulaires, donner plus de punch à certaines phrases etc. J’assiste donc à plusieurs conférences, très intéressantes. Mais celle qui m’a le plus marquée est sans aucun doute celle de Véronique Grenier, auteure de Hiroshimoi et de Chenous. Une découverte et un vrai coup de cœur!
21h30, fin des conférences.
Je retourne à mon texte. Il me reste 3h30 avant de devoir le rendre. Je le fignole, je change des passages, j’essaie de mettre les bons mots à la bonne place.
23h45, je crois bien que j’ai fini.
Je relis une dernière fois. Ça y est, j’ai cliqué sur envoyer. Je suis soulagée d’avoir réussi à rendre quelque chose. Et en même temps, ma petite bulle de quiétude, un peu hors du temps, vient d’éclater : retour à la vie réelle. Lors de son discours, Louise Dupré nous expliquait que cette journée permettait de «s’accorder un peu de temps à soi» et de «sortir de sa zone de confort». Je crois bien avoir relevé ce challenge pendant 12h!